Dans les rues...

Vient de


Ambiance

Ce fut une longue journée…retrouver la rue, traîner ses guêtres autant que ses oreilles. Raviver ses anciennes connections, tchecker du poing quelques mektons de la rue qui lui doivent un service. Son portable qui se réactive et des appels à ses contacts, à ceux du crew aussi. Little est déjà sur les crocs pour l’histoire des Latinos…Et non pas d’infos sur des ruskofs qui zonaient à trois ans…Un contact à l’hosto, on sait jamais.

Un détour par la case prison, voir un Crips derrière les barreaux. Au parloir, les mots sont anodins, mais leurs signes de mains chargés de signification, pour ceux qui savent les interpréter. Le message pour ceux en place est passé. Reste à faire prévenir Park. Chose faite lorsqu’il coince un gardien sur le parking. Juste lui remettre un origami…Un phénix en papier bleu…le message est clair. Sous les ordres du Phénix, les Crips assureront sa protection derrière ses quatre murs. Pas de question, ça vaut mieux.

Ça lui a prit tout le jour, mais Nash a le sentiment de se sentir vivant. Reprendre ses anciennes activités le motive doublement. Il arrête sa marche devant un immeuble, regarde vers une des fenêtres illuminées. La nuit est tombée maintenant…il se fait tard. Elle doit être couchée. Tant pis, il tente quant même. Passe la porte, non sans jeter un œil derrière lui. Gravit les quatre étages à pied. Colle son oreille contre une porte. Un bruit de fond. La télé. Il tape doucement. Le son se coupe. Un court silence…puis des pas s’approchent furtivement. Un rayon de lumière qui apparaît un court instant…un œil qui se colle à l’œilleton. On déverrouille, puis l porte s’entrouvre, jusqu’à la limite de la chaînette.

-Nash ?

-Tu me laisses entrer Lola ?

Elle ne sait que penser, ça se voit. Jette un regard derrière elle. Reviens vers lui.

-Gaby dort…

-Je sais…Je viens te parler. Je n’ai pas bu si ça te rassure.

Elle prend une profonde inspiration…puis rabat le vantail sur lui. Bruit de chaîne et enfin le passage est libéré.

Un merci murmuré, mais à peine entendu. Lola verrouille derrière lui, puis passe devant en lui indiquant la cuisine.

Quelques minutes plus tard, ils sont attablés dans la pièce violemment éclairée, une tasse de thé fumante entre les mains. Ils ne se disent rien. Un silence gêné qui va bien falloir brisé. Nash s’éclaircit la voix.

-Comment vas-t-elle ?

-Bien, elle grandit et s’épanouit tout les jours…mais tu le sais.

A son regard interrogatif, elle poursuit.

-Je t’ai vu hier…tu nous espionnes ?

Nash secoue la tête.

-Non,…j’étais sorti, besoin de marcher, de me dégourdir les jambes et les idées. Je suis tombé sur vous par hasard. J’ai pas voulu m’imposer.

-Nash, il s’agit de ta fille. Elle a besoin de toi. Étend sa main pour la poser sur celle de son ex patron.

-Je sais…c’est pour ça que je suis là ce soir. Pour t’en parler.

La main se retire aussitôt, la mine se renfrogne.

-Tu…tu veux me l’enlever ?

-Non…Tu as sus faire bien mieux que j’en aurais été capable. Mais je crains pour votre sécurité.

-Comment ça ?...Je comprend pas.

-As-tu surpris des conversations en russe dans notre entourage…y’a trois ans.

Lola semble réfléchir. A cette époque, elle venait de rentrer à son service, comme secrétaire. Elle était discrète et passée inaperçus la plus part du temps. Ses yeux s’éclairent un court instant.

-Il y avait bien Erwan et Peter qui des fois parlaient entre eux. Je crois que c’était en russes...en tout cas ça y ressemblait. Mais je ne vois pas le rapport.

- Aux dernières nouvelles, la mort de Mary ne serait pas accidentelle…

Lola manque de renverser sa tasse en levant les mains à son visage, étouffe un cri d’horreur.

-Mon Dieu…pauvre petite. Tu crois ?

Lola semble croire à nouveau en celui qui la dirigeait y à quelques années en arrière. Prête à remettre sa vie entre ses mains et à suivre aveuglément ses consignes…parce qu’elle sait qu’il ferait tout pour les tenir éloigner du danger.

Elle déglutit.

-Que dois-je faire ?

-Pour le moment rien, ne change pas tes habitudes…si ils sont encore par là pour nous atteindre, ils se dévoileront. Ne t’inquiètes pas, des hommes patrouillent dans le secteur et veillent sur vous. Si tu entend ou vois quoique que ce soit d’anormal…tu me tel. Je serais là...jamais loin. Planques un sac dans un coin, avec l’essentiel. Soit prêtes à disparaître en deux minutes.

-Mais où irions-nous ?

Nash lui tend un bout de papier.

-Mémorise l’adresse et détruit le. C’est chez une amie…vous y serez en sécurité…et Gabrielle y trouvera de la compagnie. Et toi tu pourras souffler un peu.

Lola hoche la tête, les yeux rivés sur les quelques mots griffonnés. Nash boit une gorgée, repose sa tasse et s’apprête à se lever. Elle redresse son visage vers lui.

-Tu veux la voir ?

Un mélange de sentiment traverse son regard, puis il répond enfin, comme un souffle.

-Oui…

La jeune femme le guide dans l’appartement, puis pousse une porte. Une chambre de petite fille, chaudement éclairée par une veilleuse papillon. Des princesses et des lutins sur les murs…un coffre à jouet au pied du lit…un ange allongé sur ses draps. Elle dort à poing fermé…un léger sifflement quant elle expire dû à l’étiquette de son doudou.

Il n’ose s’approcher, de peur de briser cet instant. Il la contemple, respire en même temps qu’elle par mimétisme.

-Tu lui manques tu sais… Elle pose sa main sur son épaule, le pousse légèrement de l’avant. Il s’approche enfin, s’accroupit sur le tapis, son visage à quelques millimètres. Il respire son odeur, la dévore du regard, découvre mille petits détails…

Lola tire la porte sur eux. Elle suppose qu’il va s’endormir ici. Elle viendra le réveiller au petit matin…Gaby ne comprendrait pas sinon…

<< avant

3.

Nulle apparition de Louise au cours. Alors le soir, Silver se prépare pour sortir. Elle a retrouvé l’adresse de la jeune femme dans les fichiers du pc, une fois Muriel rentrée chez elle. L’adresse mémorisée, elle enfile un jean noir, tee-shirt foncé, et blouson cuir noir. Et dans un holster sur son flanc, le glock dont elle ne se sépare que rarement surtout la nuit tombée. Puis au chaud contre son mollet un couteau de combat. On ne sait jamais quelle racaille on croise dans les rues, et deux précautions valent mieux qu’une. Même si Silver ne craint pas les agressions, bien au contraire.

Enfin ce soir, elle va voir Louise, du moins elle espère la trouver chez elle, pour comprendre ce qui se passe. Elle ne s’immisce en principe jamais dans la vie privée de ses clients sauf pour ses cours, mais là, Louise ce n’est pas pareil. Silver connait le problème, trop souvent des bleus, des echymoses attrapées en tombant dans les escaliers, ou des chutes, ou milles autres de ces excuses bidons. Le problème, ce n’est pas une soit disante maladresse, non. C’est plutôt un connard qui se permet de cogner sur sa femme…. Et ce connard, elle espère bien le rencontrer ce soir pour lui dire son avis sur la question, à coup de baffe dans sa gueule s’il le faut.

Elle s’y rend en moto, une daelim roadwin sportive noire, son unique moyen de transport hormis la marche. Un quart d’heure plus tard, elle grimpe deux à deux les marches d’escalier de l’immeuble où crèche Louise, et trouve son appartement, 6ème étage. L’endroit ne paie pas de mine, mais reste fréquentable. Personne pour lui barrer le chemin dans les escaliers, puisque pas d’ascenseur.
Devant la porte, juste une inscription sous le bouton de sonnerie. Elle appuie, attend……
Rien… Silver tend l’oreille mais tout semble bien calme là-dedans.

Elle frappe dans le doute, du coup qu’on n’aurait pas entendu la sonnerie de l’entrée. Mais toujours rien. Finalement c’est une voisine qui sort sur le palier, emballée dans une robe de chambre défraîchie, clope dans le bec, elle jauge Silver par-dessus le verre flou et sale de ses lunettes.

- Qu’est-ce que vous leur voulez aux Rosario ?
- Où est Louise, lui répond Silver qui ne daigne pas répondre à la question, comme bien souvent.
- Elle n’est pas là.
- J’avais cru comprendre. J’aimerai donc savoir où la trouver.
- Z’êtes un flic ?

Putain de conne de merde, elle peut pas répondre tout simplement ?

- Si j’étais un flic, j’vous aurai déjà sorti ma carte ! Où est Louise ?? Insiste Silver sans plus de patience cette fois.
La vieille la jauge, son col de robe de chambre toujours étroitement serré dans son poing.

- L’est à l’hosto.
- Que s’est-il passé ? demande aussitôt Silver.
- C’est son mec, la main trop lourde celui-là. Sont venus les chercher hier.
- Les ?
- Les flics !! et elle avec une ambulance… Hey mais attendez, pourquoi vous vouliez les voiar ? Hurle la bonne femme qui s’est approchée de la cage d’escalier.

Mais Silver n’a que faire de la curiosité d’une voisine mal embouchée…. Il n’y a que Louise qui l’intéresse, Louise qui a fini à l’hôpital….. colère….

Une fois récupéré sa moto, elle met aussitôt plein gaz sur l’hôpital…

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